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14 février 2010 7 14 /02 /février /2010 13:46
Bonjour à tous, en ce mois de février où le froid persiste et signe dans sa rudesse, j'ai tout sauf envie de m'aventurer dans le froid. Ma consultation cinématographique s'en ressent, et je me suis dit, pourquoi ne pas aborder un thème qui me tient assez à coeur : le légitimité des oscars.

http://www.adweek.com/adweek/photos/stylus/36294-Oscar.jpg
La prochaine cérémonie des oscars se tiendra le 7 mars 2010, à Los Angeles dans le célèbre Kodak Theater. On aura droit, une nouvelle fois à un véritable show à l'américaine. Des stars et des starlettes, des vêtements de grands couturiers, des coiffures magnifiques ou invraisemblables (au choix), mais aussi beaucoup d'humour, beaucoup de joie, quelques déceptions, des moments d'émotions, en d'autres mots, une grande célébration du cinéma. En résumé donc, le soir de la cérémonie des oscars, pour peu qu'on aime le cinéma américain et ses représentants, pour peu qu'on soit à l'aise avec la langue de Shakespeare, parce que disons le tout net, les traductions du numéro inaugural du présentateur des oscars, instant en général très savoureux (dixit tous ceux de Billy Cristal, Steve Martin, Whoppie Goldberg, Le Jon Stewart de 2006, et le très surprenant Hugh Jackman en 2009) sont fabuleusement ratées, et pour peu qu'on soit confortablement installé dans son fauteuil, la soirée risque d'être assez attrayante. Une nuit à ne pas rater, un véritable show réglé au millimètre, une grosse fête où tout le monde est présent et montre qu'il est comptant de l'être. Tout ce que les césars tente de réaliser, en vain. Vous l'aurez donc compris, au Oscars, c'est toujours le délice assuré, mais qu'en est-il du coeur de la fête : les récompenses ?

Depuis quelques années je suis tour à tour surpris, frustré, voir effaré par les nominations et les lauréats aux oscars. Certes, juger des prestations, entre autres, d'un film, d'un réalisateur, d'un acteur, en compétition avec d'autres, est un exercice où la subjectivité est toujours présente. Mais force est de constater que les aberrations, oublis et illogismes, généralement reconnus, sont une spécialité de l'académie des oscars. Petit florilège :
- La non nomination de Benicio Del Toro à l'oscar du meilleur acteur pour le film "CHE". Cette année là, 2009 en l'occurrence, on retrouvait d'excellents acteurs en compétition : Sean Penn pour "Milk", Frank Langella pour "Frost Nixon", un superbe Richarg Jenkins dans "The visitor" , Mickey Rourke pour "The wrestler"et Brad Pitt dans "Benjamin Button". Del Toro avait toute sa place dans cette catégorie, et d'ailleurs si Penn et Rourke ont du mérite dans leurs roles respectifs, cet oscar aurait du revenir à Benicio. OK, j'y vais peut être un peu fort, mais vous serez d'accord avec l'idée générale.
- Toujours en 2009, la pluie d'oscars qui est tombée sur le film "Slumdog Millionnaire". Très bon film soit dit en passant, une belle fable humaine et sociale, mais sûrement pas une oeuvre majeure telle que "Benjamin Button", nommé cette année là et que dire des grands oubliés que sont "Gran Torino" et "CHE".
- Les oscars reçus par "Les infiltrés" : Meilleur Film, Meilleur réalisateur. Tout d'abord, "Les infiltrés, The departed" est un très bon film, cependant il n'arrive pas à la cheville de l'original "Infernal Affairs" et c'est loin, très loin, d'être le meilleur film de Scorcese. Martin méritait un oscar depuis un bon moment, mais quel dommage qu'il le reçoive pour celui-ci, en lieu et place de "Taxi Driver", "Raging Bull", "Goodfellas" ou "Casino". D'autant plus dommage que cette année là (2007), d'autres le méritaient plus, sans doutes. Je pense à Eastwood pour "Lettres d'Iwo Jima" et Innaritu pour "Babel".
- 2004, Renée Zellweger reçoit l'oscar du meilleur second rôle pour "Cold Mountain". Je parlais d'aberration plus haut, en 2004 on a eu droit à une injustice. La prestation de Zellweger dans le film précité est comment dire... "sur-jouée", si on veut rester gentil. Pour ceux qui ont vu Marcia Gay Harden dans "Mystic River", aucun doute n'était permis, c'était elle et nulle autre. Certes elle avait gagné un oscar 3 ans plus tôt pour "Pollock", mais est-ce une raison pour biaiser ?
- Pour le film "The hours", en 2003, Nicole Kidman et Julianne Moore étaient respectivement nominées dans les catégories "Meilleur actrice" et "Meilleur second rôle". Incongruité : Le temps de présence de Moore est le double de celui de Kidman dans le film, pour une importance presque égale dans le récit. A la limite toutes deux auraient du concourir dans la catégorie "Meilleur actrice" et Moore était, à mon avis, bien meilleure que Kidman dans ce film.
- 2002, année historique. 2 acteurs noirs reçoivent les oscars de "Meilleur acteur" et "Meilleur actrice". Pour Halle Berry, c'est une première. Avant elle, aucune actrice noire n'avait reçu cette distinction. Whoopie Goldberg et Hattie McDaniel avaient bien gagné dans la catégorie "inférieure", mais cette première dans la catégorie reine a une résonance tellement plus forte. Avec Denzel Washington, ce sont 38 années de disette (depuis Poitier en 1964, le 1°) qui prennent fin. Historique et symbolique, car Sydney Poitier recevra un oscar d'honneur cette même nuit. Cet événement fera bien évoluer les choses car par la suite, pas moins de 3 interprètes noirs, recevront des statuettes, et je passe sur les nominations. Donc tout va bien ? Non, car il y a une ombre au tableau. La prestation de Washington au vu de la concurrence. En 2002, Denzel concourrait pour le film "Training Day". Il y est excellent. Dans ce rôle de flic ripoux, il étale son immense palette. Mais mettez d'une part cette interprétation en miroir avec celles de "Cry Freedom", "Malcolm X" et "Hurricane Carter", et vous verrez que dans "Training Day", la démonstration est mineure. Et d'autre part, voyez Russel Crowe dans "Un homme d'exception" (Je passerai sur le qualificatif de film à "oscars" attribué à ce film), et vous verrez une fois de plus que le Denzel de "Training Day" n'est pas exceptionnel. D'ailleurs un petit mot sur Russel Crowe, qui à mon sens, est l'acteur le plus impressionnant de ces 10 dernières années. Je mets au défi quiconque de me trouver un film de Russel dans lequel il est un poil décevant. Et pour les non-convaincus, je vous conseille "The insider - Révélations" de Michael Mann.
- En termes d'exemples, je m'arréterai donc là. La dernière decennie offre bien des images quant à la trahison de la vocation première des oscars Mais sachez que chaque année apporte son lot de désillusions. Je rappélerai juste quelques hauts faits marquants, pour ceux qui ne sont pas encore convaincus par mes arguments. Sachez que Alfred Hitchcock n'a jamais reçu d'oscars (mis à part à titre honorifique) malgrè 5 nomminations. Stanley Kubrick a été nommé 13 fois. Il a reçu l'oscar une fois... pour les meilleurs effets speciaux dans "2001, l'odyssée de l'espace". Charlie Chaplin n'a jamais été récompensé au oscars, tout comme Orson Wells, dont nombre d'écoles de cinéma considère le film "Citizen Kane" comme le meilleur jamais tourné. Et j'en oublie tant et d'autres en chemin.

Depuis de nombreuses années, baignent dans l'univers des oscars deux concepts : la politique et le consensuel. Pour arriver en bonne place à la cérémonie, il faut faire du lobbying forcené, il faut vendre son film au presque 6000 membres de l'académie des oscars. En d'autres termes il faut faire campagne et cela necessite budget et temps. Pas vraiment à la portée d'un petit film indépendant. L'académie des oscars a également ses prédilections. Des films tournés d'une certaine façon, joué d'une certaine façon et qui parlent toujours des mêmes choses. J'ai nommé les biopics, les adaptations d'histoires vraies et les fables sociales (ou démagogiques). Sur les 30 dernières années, les 3/4 des récompensés appartiennent à ces catégories. Et c'est surtout vrai pour les biopics. C'est la règle du jeu, et nombreux sont ceux qui la pratiquent, avec plus ou moins de réussite, plus ou moins d'originalité. Ce sont les fameux films à oscars. Chaque année en emmene son lot. Le problème avec ces films, c'est que leur académisme les limitent dans leur potentiel et que la place qu'ils occupent dans le paysage cinématographique en laisse peu pour des productions plus originales, plus intimistes et beaucoup moins dotés financièrement du fait de leur "manque" d'académisme. Ce consensus n'est pas le seul. A l'heure du choix de la récompense, entre en ligne de compte, et le passif des nommés, et l'echo qu'une récompense pourrait soulever. Un tel a été nomminé X fois, sans jamais l'avoir, alors c'est son tour. Si un tel autre le reçoit, ça serait tellement symbolique d'une cause, ça serait une telle inspiration, que ça en vaut le coup. Tel film est emblématique et à ce titre l'oscar lui sera decerné. Voici par exemple, le genre d'interrogations, qui j'imagine, préoccupent les votants de l'académie. Des questions, où le mérite tant en termes de qualité que de travail, n'apparait qu'au second plan. La prestation nue, la valeur dévoilée, n'est plus jugée à elle seule, la portée et l'insigne s'y greffent solidement.

http://scrapetv.com/News/News%20Pages/Entertainment/images-4/oscar.jpg
Voila, j'en ai fini avec ma plaidoierie. Si je soulève toutes ces questions, si je me suis par moment montré virulent, c'est parce que j'aime le cinéma, le beau et le bon cinéma. Et que j'estime qu'au moment des récompenses, c'est ce dernier qui devrait remporter la palme, au vue de son mérite, au vue de sa valeur, et uniquement par rapport à ces aspects. Je veux bien que mes favoris ne soient pas toujours récompensés, que des oeuvres qui me touchent moins plaisent (plus) au plus grand nombre. Mais dans les cas que je cite, les dés sont à un point pipés, que l'usurpation est hautement flagrante et évidente.
Cela n'empêche, je continuerai à regarder la cérémonie des oscars, tout d'abord pour les raisons citées bien plus haut, et aussi parce que malgré ses points négatifs, je garde bon espoir ces derniers finiront par s'evanouir et qu'au final on finira bien par entendre de temps à autre : "And the Oscar goes to" : simply THE BEST.

Et sur ce , et en guise d'au revoir je vous livre 2 épitaphes : "Good night and good luck" et "Viva La Cinéma".

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commentaires

O
<br /> Certains parleront de coïncidence, moi je préfère évoquer l'évidence.<br /> TCM (la chaine de télé du câble : Turner Classic Movie) consacre son thème du mois, aux grands oubliés de Hollywood. En termes de récompenses, donc de reconnaissance à court terme.<br /> Ce dossier est la parfaite illustration de ce que j'évoque dans cet article.<br /> Et surtout, pour les chanceux qui ont accès à cette chaine, ne ratez pas les multiples diffusions (jusqu'au 7 mars) de classiques absolus.<br /> <br /> <br />
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